par Amandine Le Moal le 09-02-2023 à 13:09
En 2021, la plus grande étude jamais réalisée à ce jour en France au sujet de la déficience visuelle était lancée par un collectif d’associations, un consortium de recherche ainsi que des partenaires. Parmi les associations, on retrouve la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France dont c’cité est membre. Son nom : l’étude HOMÈRE !
Hier, mercredi 08 février 2023, s’est déroulée la présentation des résultats de cette titanesque et inédite étude.
Nous savions déjà que le handicap visuel était sans nul doute dans l’angle mort du gouvernement. À ce jour, aucune étude concrète n’avait été faite pour récolter des informations sur le quotidien des aveugles et des malvoyants. Comment proposer des solutions concrètes sans avoir fait un premier constat ?
Ce sont pas moins de 1865 personnes qui ont été interrogées sur des sujets aussi variés que l’éducation, le sport, la vie sentimentale, l’emploi, la santé…
Plusieurs axes de lectures se profilent.
Il apparaissait que la malvoyance est plus difficile à vivre que la cécité.
La malvoyance regroupe des facteurs multiples à prendre en considération : une moins bonne prise en charge, les techniques de compensation plus difficiles à appréhender lorsque l’âge du patient est avancé, …
Seulement 1/4 des personnes questionnées attestent ne pas déclarer leur déficience visuelle à leur employeur.
Dans un entretien accordé à France Inter, Bruno GENDRON, Président de la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France, affirme que la cause de ce silence proviendrait de la peur d’être freiné dans sa progression professionnelle. Autre raison possible : les malvoyants seraient dans le déni, pour se fondre parmi les voyants, être “comme tout le monde” par peur de subir l’exclusion et de perdre son emploi.
Et puis lorsqu’on parle de malvoyance, on pense aussi à l’accueil de la nouvelle…Il faut faire le deuil, renoncer à ce sens précieux de la vision. Tout devient flou, s’assombrit brutalement. Il est d’autant plus vital de se diriger vers les structures associatives pour lesquelles le champ d’expertise est la déficience visuelle. 50 % des personnes atteintes de déficience visuelles n’accéderont pas à un accompagnement adapté à leur situation.
10 % : c’est le pourcentage de personnes qui sont aujourd’hui en capacité d’effectuer les démarches administratives de façon autonome !
Fer de lance de notre association, c’cité prône de façon régulière la manque d’accessibilité numérique (et territoriale, mais c’est un autre débat). Vous pouvez retrouver ici l’article publié pas plus tard qu’hier co-rédigé par Gabriel REEB, Président de c’cité · Fédération des Aveugles Alsace Lorraine Grand Est. Il y mentionne ce manquement à l’égalité des chances et considère l’absence de conformité à la loi du 11 février 2005 comme une entrave à l’exécution fluide de notre citoyenneté. Et pourtant, cette application a malheureusement encore été repoussée à 2027 ! Promesses, promesses…Belles paroles semées au vent qui ne semble pas impacter outre mesure le Gouvernement.
De plus, qui forme le public concerné aux outils du numérique ? L’ère que nous traversons est avant tout digitale, mais l’expansion de ce nouveau mode de vie a été tellement fulgurante que la population n’est pas forcément à l’aise avec ces méthodes modernes. Il faut être équipé et il faut être formé !
Ceci n’est pas sans rappeler que c’cité propose des ateliers réguliers à ses membres sur cette thématique.
Les inégalités territoriales apparaissent comme éléments à prendre en compte.
À ce titre, les déplacements des personnes aveugles et malvoyantes ne sont pas aisés.
L’isolement est un des points que nous ne cessons de combattre ! Sortir de chez soi lorsqu’on est non ou malvoyant s’avère être un véritable parcours du combattant.
Les personnes se retrouvent parfois être isolées géographiquement parlant. Lorsqu’on habite une zone rurale, elle n’est pas systématiquement desservie par les transports en commun. Tout le monde n’a pas un aidant autour de soi à sa disposition pour complaire à tous ses déplacements. L’indépendance est une notion ici souvent abstraite.
L’étude Homère a d’ailleurs démontré que les espaces vides posent plus de problème de mobilité en raison de l’absence de repères.
En ville, ce n’est pas plus aisé. Il existe bien des GPS, mais ils n’indiquent pas les obstacles sur une trajectoire (trous, escaliers, obstacles sur la voirie comme les terrasses…)
Les meilleurs alliés du mouvement en interdépendance au quotidien restent les chiens-guides et la canne blanche.
Pour le chien-guide, il faut malheureusement s’armer de patience.
Concernant la canne blanche, son usage mérite un apprentissage et en conséquence un accompagnement sur mesure.
Si nous avons abordé les axes majoritaires, d’autres axes sont tout aussi importants.
Pour ceux que ça intéresse, la vidéo du colloque sur la présentation de l’étude Homère dans son intégralité est disponible sur YouTube sur la page de ladite étude. Nous vous la partageons dans ce lien.
Dans l’intervention de Brudon GENDRON, il mentionne être satisfait de pouvoir fournir au Pouvoir public cet outil de mesure. L’idée est de pouvoir construire un Observatoire de la déficience visuelle. Les questions relatives au quotidien des aveugles et des malvoyants seront l’objet de concertations entre le Collectif associatif, les chercheurs universitaires et maintenant les institutions publiques.
Le propre de nos associations est de mettre notre expertise au service du Gouvernement. Nous sommes habilités à proposer des pistes de travail et d’amélioration de la situation. Ainsi, nous accompagnerons les services publics vers plus d’inclusion.
Vous pouvez écouter l’interview de France Inter de Bruno GENDRON ici :
En mot de la fin, nous retenons que s’il devait retenir un axe comme étant prioritaire, ce serait de développer l’accessibilité numérique aux logiciels métiers”.
L’emploi des personnes en situation de handicap visuel est encore improbable car ce handicap est considéré comme étant le frein le plus important à l’embauche. Et pourtant, la malvoyance et la cécité touche de plus en plus de personnes, cela découlant d’une population vieillissante et d’une exposition trop accentuée aux écrans. Demain, nous serons tous concernés, de près comme de loin, par la déficience visuelle. Cela nous regarde tous !
Veuillez trouver à disposition les documents des résultats de l’étude Homère.
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