Au mois de novembre 2021, on vous partageait le témoignage de Anne Geny lors d’une démonstration de cannage à Marly ; article en lien ici. Cette fois-ci, c’est une autre facette de la personnalité de cette femme rayonnante que nous voudrions vous présenter : sa passion pour la pétanque !

Alors, Mme Geny, comment êtes-vous arrivée à faire de la pétanque ?

J’ai commencé alors que j’étais encore malvoyante. Aujourd’hui je ne vois presque plus mais mon handicap ne me gêne absolument pas !
Je fais partie de la section Handi pétanque. Christophe, mon partenaire de jeu Handi, lui, a un handicap qui n’est pas visuel. On se complète.

Mais attention : je joue également avec les valides !

Ça fait 8 ans que je fais de la pétanque maintenant. J’ai été championne Handi pétanque de Moselle en 2017 et 2019. Ce qui est chouette, c’est que ça me donne l’occasion de croiser des personnes intéressantes et humbles qui se questionnent. J’ai ainsi eu l’honneur de rencontrer Mr MACHNIK, champion d’Europe et Michel MARTINEZ, champion de France et Europe.

Votre handicap est-il un frein pour la pratique de la pétanque ?

Au début, je me retrouve toujours confrontée à l’incompréhension des joueurs : “mais pourquoi est-elle là, elle ?”. En tant que joueuse handicapée, il faut s’accrocher. Il a fallu que je fasse mes preuves !
Dans mon club à Marly en revanche, il n’y a eu aucun souci. J’ai tout de suite été acceptée.

Quand je joue à l’extérieur, c’est plus compliqué, surtout lors des concours officiels. Ce serait bien que les valides comprennent et laissent une chance à chacun !

Ce qui m’agace le plus, c’est quand on s’adresse à mon mari pour savoir ce que j’ai. Je suis aveugle, pas muette : je peux parler !

J’invite les personnes à s’adresser directement à la personne concernée plutôt qu’à un tiers ! Maintenant leur comportement m’amuse. J’ai payé ma licence : j’ai droit d’être là. Je ne leur laisse pas vraiment le choix.

J’entends encore certaines remarques désobligeantes : “tu arrives à tirer ? “, “non, non, je fais un tennis !”. J’ai du répondant ; je ne me laisse pas faire !

Comment faites-vous Anne pour jouer alors que vous ne voyez pas ?

Oh vous savez moi : je fais au pif, enfin je me fie à la voix. Mon guide m’indique où tirer. J’attends son feu vert. Quelle satisfaction lorsque je pointe correctement ! Et quand je gagne, je me dandine sur le terrain ; c’est mon rituel !
On peut remporter des prix en étant handicapée. Quand je suis sur le terrain, les autres s’étonnent de me voir bien jouer. Dans mon club, je suis respectée comme une joueuse à part entière.

Pour les prochains concours, ce sont Nico et Dom’ qui vont me guider. Avant, c’était mon mari mais depuis qu’il fait partie des membres de la Commission Handi pétanque du Comité Régional Grand Est de Moselle, il n’a plus le droit ; y a conflit d’intérêt.
On jouera dans 8 villes :

• 5 mars : Woippy
• 21 mai : Créange
• 28 mai : Forbach
• 18 juin : Unckange
• 2 juillet : Bouley
• 16 juillet : Audun-le-Tiche
• 3 septembre : Petite-Rosselle 
• 22 octobre : Marly

Les concours Handi sont très différents des concours valides. On joue entre personnes des clubs en comité plus restreint. Pour les concours valides, il peut y avoir jusqu’à 400 personnes sur le terrain.
L’an dernier, nous avons reçu les félicitations de la Fédération de la Pétanque. Nous étions alors 130 licenciés dans le Grand Est.

C’est un sport qui me plait et j’entends bien gagner encore cette année.

Expliquez-nous Anne, comment se joue la pétanque ?

Alors en pétanque il y a certains termes à connaître.

• Une doublette : 2 joueurs de chaque équipe sur le terrain,

• Une triplette : il y a 3 joueurs de chaque équipe sur le terrain.

Il y a au moins un pointeur et un tireur. Lors d’une triplette, le 3eme joueur peut être soit l’un, soit l’autre.

Une partie se joue en treize points.
Il faut que la boule aille au plus près du cochonnet pour avoir les points. On peut obtenir 1 à 6 points si plusieurs boules sont au plus proche du cochonnet.
Les mènes s’enchaînent jusqu’à arriver à 13 points.

Pour la version Handi, j’ai toujours un guide avec moi. Lui, il se place derrière le cochonnet. Je balance mon bras et lui, de là où il est, rectifie l’axe du lancer.

Et au niveau des boules, quelles différences et surtout usage entre chacune ?

J’utilise des boules lisses pour tirer. Au départ, je suis une pointeuse puis depuis 2 ans je suis devenue tireuse.

• Pointer : mettre la boule le plus près possible du cochonnet
• Tirer : Sortir les boules de l’équipe adverse. Ça nécessite plus de force dans le bras.

Quel investissement cela vous demande-t-il ?

Ça demande beaucoup de travail. Chaque samedi, je joue quatre parties avec Christophe de 14h à 18h, un contre un.
Semaine dernière, j’ai gagné 3 parties sur les quatre. Mon objectif : les remporter toutes !

Qu’est-ce qui vous stimule le plus ?

Je trouve toujours plus intéressant de jouer avec les personnes que je ne connais pas. À force de jouer avec les mêmes personnes, je connais par cœur leur jeu, j’anticipe. Avec les personnes extérieures à mon club, au moins y a un peu de suspens (rires).
Jouer à la pétanque me détend beaucoup. Au début, je pensais que la pétanque était un “sport de jeu” alors qu’en fait c’est un “sport de logique”.

L’hiver, je joue en intérieur uniquement.
Aux beaux jours, on joue dehors, comme lors des concours par exemple.

Quelles sont les contraintes que vous rencontrez ?

Je dirais que ce qui me gêne le plus ce sont les a priori et cette phrase que j’entends en boucle : “mais qu’est-ce que fait là celle-là ?”.

Les gens vous cataloguent et vous enferment dans des cases. Quand on cherche à savoir pourquoi, c’est très souvent car ils ne savent pas ce que je peux ressentir ni comment je vie avec mon handicap. Par exemple, on me demande aussi pourquoi est-ce que je mets les mains devant moi. C’est tout simplement pour ne pas tomber ! Je bouge aussi beaucoup mes pieds à la recherche de repères au sol. Ça me permet de bien me positionner.
Je n’ai pas changé mes habitudes depuis que je ne vois plus.
Après, hors contexte j’ai aussi droit à de drôle de préjugés qu’il faudrait briser : “mais pourquoi tu vas chez l’esthéticienne puisque tu ne vois pas le résultat ?”.

Quel serait votre message à retenir ?

Il y a tout un travail à faire pour changer les mentalités.
N’oubliez-pas que la personne que vous avez en face de vous est tout autant capable que vous. Faites-lui confiance ! Le pire, ce n’est pas notre handicap mais la façon dont les gens nous voient et nous enferment dans des cases.
Et comme dit au début de cet article, si vous avez des questions, des doutes, adressez-vous directement à la personne concernée !

Informations et/ou inscriptions

Vous aussi, vous habitez proche de Marly et vous avez envie de vous inscrire à la pétanque ! Voici les coordonnées du Marly Pétanque Club :

• Adresse postale : Marly Pétanque Club, 2 Rue Eugène Jouin 57155 MARLY
• Adresse mail : jeanmarc.lhuillier@laposte.net
• Site web : Marly Pétanque Club
• Page Facebook : Marly Pétanque Club | Facebook