Du  lundi 15 novembre au dimanche 21 novembre 2021 se déroule la 25ème édition de la SEEPH (Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées). À cette occasion, nous avions interviewé Émilie Roth, usager de l’ESAT les Ateliers du Petit Prince.

La Fédération : Bonjour Émilie, pourrais-tu te présenter s’il-te-plait ?

Émilie : Bonjour, je m’appelle Émilie Roth. J’ai 41 ans. Je travaille à la Fédération des Aveugles Alsace Lorraine Grand Est depuis le 1er mars 2004. L’intitulé de mon poste est “ouvrière polyvalente”.

J’ai fait ma scolarité à l’IDS (Institut pour Déficient Visuel) Le Phare, à Illzach. J’ai ensuite été prise à la Fédération. Jusqu’en 2012, je travaillais à la chaiserie et je réalisais des travaux de cannage paillage. Je suis ensuite passée à l’ESAT où je procède essentiellement à des travaux de conditionnement. Je suis seule sur mon poste, mais les personnes qui sont le plus en difficulté travaillent en binôme. Les produits sont très variables d’un client à un autre. Ce qui est drôle c’est que nous arrivons même à relever des défauts d’impression.

La Fédération : Quelles sont les difficultés que tu peux rencontrer dans ton travail ?

Émilie : Sur mon poste de travail, je n’en ai pas vraiment si ce n’est peut-être la répétition des tâches qui peuvent être de temps en temps monotones. Je dirais plus que le souci se situe au changement de saison. Les jours raccourcissent et mes trajets de nuit et sur routes gelées s’avèrent difficiles avec ma vision, voire dangereuses. J’ai beaucoup de trajet à faire. Je suis justement en train de demander à la Fédération d’aménager mes horaires.

La Fédération : Quelles sont tes forces au travail ?

Émilie : Je me considère comme discrète, secrète. Je ne divulgue pas d’informations au sujet des autres sans en avoir eu l’autorisation. Ça fait de moi une personne de confiance. Je pense de moi avoir un sens de l’investissement. Je m’arrange pour partir une fois mon travail terminé et consciencieusement je range toujours mon poste pour le lendemain. Un dernier point, je suis une personne sincère et franche. Le respect et la considération sont des valeurs importantes à mes yeux.

La Fédération : Participeras-tu au DuoDay ?

Émilie : Oui, c’est notre responsable qui nous a parlé du DuoDay et j’ai la chance de pouvoir en faire un auprès du Crédit Mutuel comme agent d’accueil. Je suis très contente. En plus, c’est proche de mon domicile.

En fait, j’ai déjà été au standard, fut un temps à la Fédération. J’ai fait des remplacements. Je n’étais pas formée mais j’ai su m’adapter. Je prenais les messages et faisais le transfert d’appels. Ça me plaisait déjà beaucoup à l’époque. J’arrivais à reconnaître tous les VRP au son de leur voix. Au téléphone, je cerne très vite les gens ainsi que leurs humeurs. Je sais mettre ma sensibilité au profil de l’écoute et j’aime le contact avec les gens.

J’aide aussi une connaissance qui a un camion à pizza. Je lui prends les commandes. Ce n’est pas un travail rémunéré. Je lui rends juste service. Ça me permet de rencontrer de nouvelles personnes.

La Fédération : Quelle est ton avis sur l’inclusion ?

Je pense que ça peut profiter à tout le monde ; c’est d’abord un échange. Les valides peuvent apprendre des personnes handicapées et nous d’eux. On s’apporte des choses les uns les autres.

La Fédération : Si tu pouvais changer le regard que portent les gens sur quelque chose, quel serait ton message ?

Souvent, quand les gens me croisent avec ma canne, je les entends dire : “la pauvre, je la plains”. Je ne suis pas “pauvre”. Je suis handicapée et je n’ai pas choisi de l’être. J’ai mon appartement ; je suis autonome ! J’ai d’ailleurs grandi logée à la même enseigne que mes frères.

Alors voici mon invitation : “l’aide, je l’accepte, mais pas la pitié”.