par Aline Gross le 05-02-2021 à 11:47
La Fédération des Aveugles Alsace Lorraine Grand Est relaye le communiqué de presse de la CFPSAA au sujet d’un webinaire traitant de l’accessibilité numérique… avec une solution non-accessible.
Le mardi 9 février prochain, l’Union des Groupements d’Achats Publics (UGAP) organise un Webinaire sur le thème de « l’accessibilité numérique », en partenariat avec l’entreprise Facil’iti. Celle-ci présente un outil destiné à adapter “l’affichage d’un site Web en fonction des besoins de confort visuel, moteur, cognitif, et/ou temporaire de l’internaute” (source).
L’accessibilité numérique est une problématique complexe, mais ô combien cruciale pour les personnes en situation de handicap. L’expérience l’a montré, seule l’accessibilité dite “native”, c’est-à-dire mise en place dès la programmation du site internet, permet d’obtenir un site réellement accessible.
Le choix du partenaire pour ce webinaire, présenté comme le “spécialiste français dans ce domaine” (source) laisse ainsi perplexe, car sa solution ne vise pas l’accessibilité native, et peut donc révéler des problèmes d’accessibilité pour les personnes en situation de handicap.
Face à ce constat, la Confédération Française pour la Promotion Sociale des Aveugles et des Amblyopes (CFPSAA) a publié un communiqué de presse.
La Fédération des Aveugles Alsace Lorraine Grand Est, fortement engagée pour l’accessibilité numérique, relaye dès lors cette initiative. Nous invitons également les entreprises et institutions souhaitant traiter du sujet de l’accessibilité numérique à consulter des instances représentatives du handicap, spécialistes dans ce domaine, afin de les conseiller au mieux.
Pour en savoir plus sur nos actions en faveur de l’accessibilité numérique, consultez notre dernier article sur le sujet en cliquant ici.
Une actu, un outil, un webinaire… et puis s’en vont !
La CFPSAA tire la sonnette d’alarme
Si l’accessibilité numérique résidait dans un outil interactif, les aveugles le sauraient !
C’est pourtant ce que certains voudraient faire croire en éludant la complexité du problème. Ce problème est bien connu de la CFPSAA et de ses associations, toutes dédiées à la vie quotidienne des personnes aveugles et malvoyantes. Nous menons un combat de longue haleine pour l’accessibilité numérique, particulièrement dans le domaine public. La loi nous a déjà entendus. Elle impose, depuis 2005, l’accès à tous les sites internet publics par les personnes handicapées. La réalité n’est pas aussi simple : les problèmes de coûts et les prétendus problèmes techniques servent souvent de paravent au retard constaté dans la mise en conformité de nombreux sites. Nous ne baissons pas la garde et continuons inlassablement d’expliquer à tous les niveaux qu’ils soient politiques, conceptuels ou techniques, que la seule solution se situe dans le « nativement accessible ».
Et voilà que l’UGAP (Union des Groupements d’Achats Publics) organise un Webinaire sur le thème de « l’accessibilité numérique » , le 9 février prochain. L’initiative est louable, mais, pour ce faire, l’UGAP a sélectionné la startup FACIL’iti, qu’elle présente comme « le spécialiste » français dans ce domaine et qui vient proposer un focus dédié à « l’accessibilité des contenus numériques pour les personnes en situation de handicap visuel, cognitif ou moteur ». Là, nous sommes étonnés : FACIL’iti, le spécialiste français ? Il y a peut-être du nouveau ? Oui, il y en a : FACIL’iti propose une solution innovante, qui « adapte l’affichage d’un site Web en fonction des besoins de confort visuel, moteur, cognitif, et/ou temporaire de l’internaute ». Là, nous sommes furieux : l’outil proposé n’est pas porteur lui-même, d’accessibilité, il permet tout au plus, un peu de confort pour certains utilisateurs, mais ne rend pas un site inaccessible, accessible !
Sans vouloir dénigrer l’innovation sympathique que peut représenter cet outil de confort, nous ne pouvons pas laisser passer une telle information qui tendrait à faire croire que les problèmes sont évacués d’un coup de baguette magique et qu’un gadget supplée au processus que représente la conception et la création d’un site accessible. Si cela était vrai, nous en serions très heureux.
Ce que nous dénonçons par la présente alerte c’est le fait même que l’UGAP ait procédé à ce choix. Cela nous paraît révélateur de la manière dont on évacue la question de l’accessibilité en haut lieu. Le pouvoir en place, celui-là même, qui semble nous donner des garanties, celui-là même qui s’est engagé à rendre accessible 80 % des 250 démarches administratives les plus utilisées par les usagers à l’horizon 2022, serait-il tenté par le désengagement et l’hypocrisie ?
En aucun cas, un outil de confort ne peut se substituer à l’accessibilité fondamentale. Il ne peut exonérer de l’obligation légale de rendre accessibles les sites et plateformes qui entrent dans le champ de la loi. Induire l’idée que l’on peut surseoir, une fois de plus à l’application pleine et entière de règles qui sont édictées au niveau national, européen, et international, c’est nier la citoyenneté des personnes handicapées, c’est participer à la discrimination et c’est assumer cette discrimination !
Rappel :
Au niveau international : la convention des Nations Unies pour les droits des personnes handicapées ratifiée par la France en 2010 dans son article 9.
Au niveau européen : outre la directive UE 2016/2102 sur les sites web d’organismes publics, la stratégie numérique de 2010, la stratégie européenne en faveur des personnes handicapées 2010-2020 ou encore la directive de 2014 sur les marchés publics (article 60) évoquaient déjà l’accessibilité numérique.
Au niveau national : la loi du 11 février 2005 posait déjà ce principe dans son article 47, modifié par l’article 106 de la loi pour une République numérique du 7 octobre 2016.
Le 05/02/2021
CFPSAA – 6 rue Gager-Gabillot – 75015 Paris – 01 45 30 96 12
www.cfpsaa.fr
Description de la photo : Photo d’un ordinateur posé sur une table / Crédit photo : Unsplash
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