par Aline Gross le 17-06-2020 à 15:22
Le confinement a chamboulé les habitudes de chacun, tant dans la vie sociale que professionnelle. Qu’en est-il pour les personnes en situation de handicap ? C’est ce que nous montrent les résultats de cette étude réalisée par l’AGEFIPH et l’IFOP auprès de 4 406 personnes en situation de handicap. La Fédération des Aveugles Alsace Lorraine Grand Est fait le point.
Si une grande partie des répondants ont bien vécu le confinement, la crise sanitaire a engendré davantage de stress, mais aussi des difficultés financières dues aux pertes de revenus consécutives du confinement.
Près de la moitié des personnes qui ont continué de travailler pendant le confinement n’ont pas eu de prise en compte de leur situation de handicap par leur employeur au moment de déterminer les modalités de l’exercice professionnel à domicile, l’autre moitié en revanche a bénéficié d’un aménagement. Les demandeurs d’emploi sont quant à eux pessimistes quant aux probabilités de retrouver un emploi dans les prochains mois. Si la plupart des répondants actifs souhaitent retourner travailler sur leur lieu de travail habituel après le confinement, celui-ci a aussi fait naître le souhait de continuer de télétravailler pour une petite partie d’entre eux.
De nombreuses inquiétudes ont émergé quant à l’avenir : attraper le coronavirus, voir ses conditions de travail se dégrader, être davantage isolé ou encore perdre son emploi, la crise a eu un certain impact psychologique pour les personnes en situation de handicap.
60% des répondants ont déclaré bien vivre le confinement à leur domicile et 81% trouvent que leur logement est adapté à la vie en confinement.
Néanmoins, depuis le début du confinement, 67% des répondants ont indiqué vivre plus qu’auparavant des périodes intenses de stress, de nervosité ou d’anxiété ; 56% à vivre plus qu’auparavant des épisodes de dépression, 55% à avoir une perte de motivation sur le plan professionnel.
Si cela n’a pas perturbé la majorité des répondants, 44% d’entre eux ont tout de même ajouté avoir plus de difficultés que d’habitude à travailler en présence des autres membres du foyer, 36% à souffrir davantage du bruit du voisinage et 34% à souffrir plus de la promiscuité et du manque d’intimité.
En revanche, sur le plan financier, 62% des répondants, dont 77% des indépendants et des chômeurs ayant répondu au questionnaire, ont indiqué ne pas s’en sortir, ou du moins assez difficilement, avec les revenus du foyer durant le confinement. Pour 56% des répondants ayant eu des difficultés financières, celles-ci sont liées à des pertes de revenus consécutives du confinement.
Un tiers des répondants a continué de travailler en télétravail pendant le confinement, 16% à l’extérieur de leur domicile à temps complet, 13% à l’extérieur de leur domicile à temps partiel, tandis que 22% des répondants étaient au chômage partiel et 10% en congé maladie. En ce qui concerne les personnes qui ont continué de travailler, 53% d’entre elles ont déclaré que leur employeur avait pris en compte leur situation de handicap au moment de déterminer les modalités de l’exercice professionnel, ce qui n’a pas été le cas pour 47% d’entre elles. 54% des actifs en télétravail n’ont pas eu d’aménagements de leurs conditions de travail par leur entreprise, ce qui a occasionné des difficultés dans la réalisation des tâches professionnelles pour 46% d’entre eux. La moitié des personnes ayant travaillé pendant le confinement ont trouvé qu’elles travaillaient aussi bien que d’habitude, tandis que 38% d’entre elles ont estimé moins bien travailler depuis le début du confinement. Les répondants sont assez partagés quant au sentiment d’avoir eu plus de facilité à se concentrer et d’être plus productif pendant le confinement : si la balance penche légèrement en faveur d’une amélioration de la concentration et de la productivité, l’autre moitié n’a pas observé d’amélioration. Pour les demandeurs d’emplois, 68% se disent pessimistes quant à la possibilité de trouver ou retrouver un emploi dans les trois prochains mois. Par rapport au déconfinement, 43% des répondants souhaitent revenir travailler sur leur lieu de travail habituel, tandis que 29% souhaitent revenir partiellement sur leur lieu de travail tout en conservant des jours de chômage partiel, et 28% souhaiteraient télétravailler de manière permanente ou poursuivre en chômage partiel. La majorité des répondants ont confiance dans leur employeur, les services de santé au travail et les autres salariés pour les protéger contre le coronavirus lors de leur reprise du travail au sein de leur entreprise. En revanche, ces taux baissent quant à la confiance dans les syndicats et les pouvoirs publics, avec 54% des répondants ne faisant pas confiance aux pouvoirs publics pour les protéger lors de la reprise de leur travail en entreprise.
La majorité des répondants expriment des inquiétudes pour l’avenir. 71% d’entre eux ont peur d’attraper le coronavirus, 70% de voir leurs conditions de travail se dégrader, 59% d’être davantage isolé et 54% de perdre leur emploi.
L’enquête a été réalisée en mai 2020 auprès de 4 406 personnes en situation de handicap, qui ont répondu à un questionnaire en ligne. La moitié des répondants exerce une activité professionnelle, tandis que l’autre moitié se trouve au chômage ou dans une autre situation empêchant l’activité professionnelle (invalide, militaire du contingent, sans activité…). L’échantillon présente une proportion de 60% de femmes et 40% d’hommes, âgés en majorité entre 35 et 64 ans.
Cliquez ici pour voir le document officiel des résultats de l’étude.
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